Petites pintes, grandes questions
Des chercheurs britanniques proposent de réduire la taille des pintes de bière pour lutter contre l'alcoolisme. Mais derrière cette mesure se cache une multitude de questions : s’agit-il vraiment d’une stratégie pour sauver des vies, ou simplement d’un moyen déguisé de servir moins pour le même prix ?
L’étude britannique qui alimente le débat
Une étude publiée dans PLOS Medicine le 17 septembre 2024 a examiné l'impact de la réduction de la taille des pintes dans 13 pubs anglais. En passant de la traditionnelle pinte de 568 ml à une version de 398 ml, les chercheurs ont observé une diminution de la consommation de bière et de cidre de 9,7 %. De plus, les résultats montrent une baisse des revenus journaliers des pubs de 5 %. Ces chiffres révèlent que même si la consommation a baissé, l’effet sur les revenus n’est pas proportionnel, cela met ainsi en visibilité les deux vrais sujets (dont personne ne parle évidemment !).
Une mesure de santé publique ou une ruse commerciale ?
Cette réduction du chiffre d'affaires souligne une réalité économique : si la consommation baisse, les revenus des pubs sont directement impactés. Cela pose la question de la pérennité de cette mesure dans un contexte commercial.
Qui peut sérieusement croire que les pubs accepteront de voir leurs chiffres d'affaires diminuer sans réagir ? Une hausse des prix ou un maintien des tarifs pour des portions réduites semble bien plus probable qu’une baisse dans le monde réel.
En effet, si la consommation baisse de 10 %, il en va de même pour le chiffre d’affaires : quelle entreprise accepterait cela sans ajustement tarifaire ?
Un paradoxe : la consommation baisse moins que la taille des verres...
En réduisant la taille des pintes de 30 % (de 568 ml à 398 ml), mais en observant seulement une baisse de 9,7 % de la consommation globale, il est évident qu'une partie des clients a compensé en commandant plus. Cela suggère que pour un nombre non négligeable de consommateurs, la consommation n’a pas diminué, mais au contraire, a augmenté en raison de commandes supplémentaires. Ce paradoxe met en lumière l’effet pervers potentiel de la mesure : certains buveurs finissent par consommer plus qu'avant.
Tradition bafouée : la disparition de la "vraie" pinte ?
La pinte anglaise, avec ses 568 ml, est bien plus qu'un simple récipient : c’est une tradition. Toucher à sa taille, c'est toucher à l’identité même des pubs britanniques. Les pintes, symboles de convivialité et de partage, ne doivent-elles pas rester intactes ? En réduisant leur taille, c’est toute une culture qui se voit rabotée. Cette décision soulève la question du respect des traditions face aux nouvelles normes de santé publique. L’idée que chaque goutte de bière compte prend ici un sens bien littéral : faut-il sacrifier l’authenticité au profit d’un calcul en apparence rationnel ?
Infantilisation du consommateur : le client a-t-il perdu son libre arbitre ?
Le message sous-jacent de cette réduction des portions est limpide : les consommateurs ne seraient pas capables de gérer leur propre consommation et doivent être guidés, voire manipulés, pour leur bien.
Cette infantilisation pose problème : en traitant le buveur comme un enfant incapable de se réguler, ne crée-t-on pas une société où le choix personnel est constamment contrôlé par des normes imposées ? À force de vouloir réguler et encadrer, ne finissons-nous pas par nier le droit des individus à prendre leurs propres décisions, même imparfaites ?
L’alcool : une question de choix personnel avant tout
Dans un monde où le sans-alcool gagne du terrain, promouvoir des alternatives reste la clé pour un changement durable.
La réduction des portions peut certes aider certains, mais elle ne doit pas devenir une injonction. Le consommateur doit rester maître de ses choix si on les souhaite "solides et durables", et non contraint par des mesures cachées derrière des justifications de santé publique. Il ne s'agit pas de nier les risques de l'alcool, mais de rappeler que la meilleure prévention reste l'éducation et l'accès à des alternatives attractives.
Réduire la taille des pintes est peut-être une solution rapide, mais elle ne doit pas se substituer à une réflexion plus large sur la responsabilisation des consommateurs. Le combat contre l'alcoolisme mérite mieux que des demi-mesures dissimulées derrière des préoccupations économiques et une fausse bienveillance. Encourager la consommation de boissons sans alcool, comme celles présentées sur notre site, permet une approche respectueuse des choix individuels tout en offrant de vraies alternatives.